Monde : l’art urbain pour combattre le SIDA

Par Michel Fily, le 1er décembre 2017

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Il y a trois décennies, le fléau du SIDA a impacté le monde de l’art aux Etats-Unis, puis dans le monde entier, anéantissant une communauté et activant l’un des mouvements politiques les plus importants du XXe siècle. Les artistes urbains se sont engagés depuis cette époque pour aider à combattre la maladie, la désinformation et les peurs qui l’entourent, et en faveur des droits des personnes séropositives.

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En 1988, le célèbre Street Artiste Keith Haring apprenait qu’il était infecté par le virus. S’engageant dès lors fortement dans la lutte contre cette maladie, il a mis son art et sa notoriété au service de cette cause et de sa visibilité. Réalisée en 1989, seulement un an avant la disparition de l’artiste, la fresque « Todos juntos podemos parar el sida » (« Tous ensemble, nous pouvons stopper le SIDA ») est l’une des dernières œuvres de Keith Harring. Il a peint cette œuvre éphémère dans l’un des ghettos les plus pauvres de Barcelone. Détériorée en 1992, la fresque de 34 mètres de long a été restaurée en 2015, dans le quartier qui l’avait vue naitre 25 ans plus tôt. Keith Haring est décédé le 16 février 1990 à New York.

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Fondée en 1988, Visual AIDS est une organisation artistique contemporaine engagée dans la sensibilisation au sida au travers de projets d’arts visuels. Elle s’est dévouée depuis sa création à préserver et honorer le travail des artistes atteints du VIH, ainsi que les contributions artistiques du mouvement contre le SIDA. Elle apporte, de même, un soutien aux artistes séropositifs. Visual AIDS a organisé en 2014 une exposition intitulée « City as Canvas », au City Museum de New York, la première exposition d’œuvres de la vaste collection d’art urbain de Martin Wong. Ce collectionneur a amassé un trésor de centaines d’œuvres de Street Art sur papier, sur toile et sur d’autres supports, en aérosol, encre et autres médiums, signées, entre autres, par Keith Haring, Lee Quinones, LADY PINK et FUTURA 2000, figures emblématiques du mouvement artistique contre le virus. Martin  Wong, qui est mort du sida en 1999, a fait don de sa collection au City Museum en 1994.

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En Belgique, en 2009, le graffeur Denis Meyer, est intervenu pour la première fois sur les murs de Bruxelles, à la demande de la Plateforme Prévention SIDA, qui souhaitait faire participer un artiste bruxellois à son action. Réalisée en live painting, cette fresque a sensibilisé les Bruxellois et les touristes aux méfaits du VIH et à la nécessité de se protéger et de faire passer le message. Toujours à Bruxelles, en 2014, ne énorme fresque urbaine, peinte par Denis Meyers et Arnaud Kool, a pris place  dans le centre-ville, afin d’aborder quelques unes des questions essentielles liées à la lutte contre le SIDA : l’utilisation du préservatif pour se protéger de l’infection, le dépistage et l’intégration des personnes séropositives.

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Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, a accueilli en décembre 2013 son premier festival international de graffiti et des arts urbains, Kin-Graff. Organisé par l’association « Culture+ », le festival avait pour thème « Peindre contre le VIH/SIDA ». Cette première expérience visait à la promotion et la sensibilisation du public congolais à travers l’art urbain en général, et le graffiti, en particulier. Le festival a rassemblé de nombreux artistes internationaux, comme Docta Wear, Sitou Matt SMI, Nadia Seika

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En 2015, au Rwanda, le Street Artiste Bonfils Ngabonziza et d’autres artistes d' »Ivuka Arts », le premier centre d’arts communautaires du pays, se sont associés à « Kurema, Kureba, Kwiga » (« Créer, Voir, Apprendre »), une entreprise sociale d’art publique basée à Kigali, pour réaliser dans la ville des peintures murales qui traitent de la stigmatisation liée au SIDA. « Mon but est d’utiliser les arts comme vecteur de changement positif et de voir mon travail avoir un impact durable sur la société », déclarait le graffeur.

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La même année, l’organisation américaine « ONE Street Art » a travaillé en partenariat avec 22 artistes urbains New Yorkais qui ont contribué par leurs talents à sensibiliser le public au problème du SIDA. ONE a fourni aux artistes des panneaux de circulation « Stop » qu’ils ont transformés en puissantes œuvres d’art, qui ont été exposées à New York et vendue aux enchères au profit de la lutte contre le VIH. Parmi les graffeurs participant a cette campagne : Street Grapes, Billi Kid, Cern, ChrisRWK, Col Wallnuts, Chris Stain, Chris Uphues, David Cooper, Cope, the Dude Company, Elle, Fumero, Joe Iurato, Peat Wollaeger, RWK, et Shiro.

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En juillet 2016, Maxx Moses, un graffeur talentueux de New York, s’est rendu à Bulawayo, au Zimbabwe, à l’occasion de la Journée mondiale du SIDA, pour mettre l’art urbain au service de la sensibilisation, de la prévention et du dépistage du VIH. Deux sites ont été sélectionnés parmi les plus fréquentés de la ville. Moses a rencontré une équipe de 10 artistes locaux recrutés par la National Gallery pour travailler avec lui à la création des fresques. Le travail sur les deux sites a été achevé pour la Journée mondiale du sida et inauguré par l’Ambassadeur des États-Unis au Zimbabwe. « La partie la plus forte et la plus puissante de toute l’aventure a été la réponse du public à notre art », confiait Maxx Moses, ajoutant : « Les gens ont été véritablement époustouflés ».

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En novembre 2016, c’est à Grenoble que des Street Artistes se sont mobilisés à l’occasion de la journée mondiale contre le SIDA, avec une grande fresque anti-discriminations faites aux personnes séropositives. Une initiative de la mairie de Grenoble, qui avait lancé un appel aux graffeurs. Les artistes sélectionnés, Jérémie Dauliac alias Ekis, et Rebecca Bouffigny alias Boye, ont réalisé cette oeuvre en commun. « Le combat contre cette maladie souffre d’invisibilité. Il a disparu des mémoires et des préoccupations, alors que le virus, lui, n’a pas disparu. Cette fresque est une piqûre de rappel pérenne. L’art attire l’œil, transmet une information grâce au travail subtil des artistes » expliquait Emmanuel Carroz, adjoint à l’égalité des droits et à la vie associative.

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En Irlande, en 2017, le groupe de militants « Act Up Dublin »  a organisé une exposition de Street Art, intitulée « All Together Human (Tous Ensemble Humains) » mettant en vedette des graffeurs de premier plan, à l’occasion de la journée nationale contre le SIDA. L’exposition a réuni 15 artistes, parmi lesquels MASER, Jim Fitzpatrick, Sean Hillen, Fuchsia MacAree et Friz. Elle a eu lieu à Dublin, où les œuvres ont été vendues aux enchères silencieuses, au profit de l’association. « Dans toutes nos différences, sociales, religieuses, économiques et géographiques, le VIH – le virus de l’immunodéficience humaine – nous affecte en tant que personnes », déclarait l’organisateur de l’exposition, l’artiste Will St Leger. « Nous sommes ‘Tous Ensemble Humains’ dans nos faiblesses et nos forces, nos échecs et nos réalisations, dans notre rage et notre joie. Tous, ensemble, humains, nous pouvons l’être dans la solidarité, le défi et l’espoir », ajoutait-il.

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En 2012, Act Up taguait déjà Paris dans le cadre de sa campagne « Egalité des choix : des droits! », avec plus de 30 Street Artistes, parmi lesquels Bastek, EpsylonPoint, Fred le Chevalier, Hermann, Iza Zaro, JBC, JPM, Kashink, Madame, ME – Paris / Marlène Ehrhard, Mr Toutlemonde, Nice Art, Pimax, Sara Chelou, Suriani, Susan Shup, TocToc, Tristan des Limbes, Valérie Maho, Zokatos… Cette année encore, en partenariat avec « Walls And Rights » et dans la suite des collaborations artistiques déjà menées, Act Up a fait appel à des graffeurs pour la nouvelle édition de la « Street Art Fights Aids Paris Week », les 1er et 2 décembre 2017, à la Halle des Blancs Manteaux à Paris. Iza Zaro, Manon Moncorge, Marie Christian Bambelle, Anne Provignon, Gé Robert, Joko Art, AkElo, Fredzag, Paella Chimicos, Kaldea, Catski et Dug Dugudus devraient, entre autres, devraient contribuer à l’évènement.

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L’activisme artistique contre le SIDA doit aujourd’hui devenir un phénomène mondial, car la maladie est devenue une pandémie, souvent accompagnée de lois anti-gay virulentes dans de nombreuses parties du monde. A notre époque, un grand nombre de personnes pensent que l’urgence est passée, mais elle est toujours présente et nécessite un engagement mondial.

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