Par Michel Fily, le 19 janvier 2018
Le Queer Street Art a vu le jour aux États-Unis dans les années 1980, avec l’arrivée du sida que les politiques ont refusé de considérer comme un problème (à lire sur ce sujet, « Monde : l’art urbain pour combattre le SIDA« ).
Felix Gonzalez Torres, Keith Haring et David Wojnarowicz ont été les premiers graffeurs homosexuels à New York. Un grand nombre de Street Artistes actifs dans les années 1980 sont morts du SIDA. Aujourd’hui, partout dans le monde, de plus en plus de jeunes artistes produisent à nouveau du Queer Street Art.
En 2015, à la veille du vote pour le mariage gay en Irlande, le Street Artiste Joe Caslin recouvrait un bâtiment de Dublin d’un collage représentant deux hommes enlacés, puis collait une gigantesque fresque représentant un couple de femmes sur la façade d’un château de Galway. « C’est l’amour qui est au cœur de ce débat… Les gens devraient être égaux, peu importe la forme que prend leur relation« , expliquait-il à l’Irish Times.
Originaire de San Francisco, l’artiste militant Jeremy Novy a organisé les premières expositions de Queer Street Art dans la ville. Il a peint des couples de super héros gays et des Drag Queens dans de nombreuses villes aux États-Unis et en Europe. « Le Queer Street Art est une forme de protestation, de promotion de la pensée Queer sous des facettes très diverses. Cela peut aller du simple tag transgenre dans la rue aux œuvres d’art traitant du sida, du mariage pour tous ou encore des discriminations auxquelles sont confrontées les personnes LGBT« , expliquait-il lors d’une interview à Arte en 2015.
Dans le cadre du « PrideFestival« , la Ville de Bruxelles a accueilli le projet « Out in the street », une fresque réalisée par l’artiste grecque Fotini Tikkou en commun avec l’Allemand Ralf König, une référence dans le monde artistique queer. Avec une image claire, le projet met en lumière l’ensemble de la communauté LGBTQI. Il s’est voulu comme un message fort contre les stéréotypes sur le genre, l’homophobie et la transphobie.
En novembre dernier, à Sydney, une fresque de l’artiste Scott Marsh en hommage au chanteur George Michael, décédé en décembre 2016, avait été défigurée à la peinture noire par un intégriste, arrêté plus tard par la police locale. Un mois plus tard, quelques jours après la reconnaissance du mariage gay par l’Australie, les habitants du quartier et d’autres personnes recouvraient la tache noire de messages contre l’intolérance : « Too late, love won » (trop tard, l’amour a gagné), « No to hatred » (non à la haine), « Love conquers all » (l’amour domine tout).
Le Street Artiste brésilien Raphaël Suriani rend hommage à la culture gay depuis le début des années 2000. Il a peint à São Paulo, New York, San Fransisco, Londres, Berlin, Barcelona, Istanbul… Mais c’est à Paris, où il réside depuis 2007, que ses portraits de Drag Queens ont fait sa notoriété, et en particulier ceux des « Reines » du concours télévisé américain de Drag Queens « RuPaul’s Drag Race« , produit et présenté par le comédien, chanteur, danseur, écrivain et célébrissime transformiste RuPaul (Emmy Award en 2016, classé parmi les 100 personnalités les plus influentes au monde par le Time Magazine en 2017 et a obtenu la même année son étoile sur le « Walk of Fame » à Hollywood). Suriani a intitulé cette série de portraits « Born Naked », du même nom qu’une célèbre chanson de RuPaul.
Expliquant ses motivations au magazine en ligne The Dusty Rebel, le Street Artist déclarait en 2015 : « Le débat politique sur l’égalité des droits a récemment été très actif en France. J’ai été très choqué par les manifestations de masse de la droite conservatrice et leur résistance aux nouvelles lois concernant le mariage homosexuel, l’adoption, etc. Cette série est en quelque sorte ma réponse et l’expression de mon point de vue sur ces questions« . « La culture Drag a toujours diffusé un message de tolérance et de liberté… Cela correspond vraiment à l’image positive que j’essaie de transmettre dans mon travail », poursuivait-il, ajoutant : « Faire de l’art dans la rue est un acte politique« .
En Australie, depuis 2015, le Street Artiste Astrotwitch peint dans les rues de Melbourne des portraits authentiques de personnes LGBT. Le graffeur, qui a titré son projet « Queer the Streets », a confié au média en ligne Mic : « Les personnes qui s’identifient comme LGBTQI peuvent ainsi se voir représentées comme faisant partie de la société« . Avec cette série de portraits, Astrotwitch est l’un des rares artistes qui dénoncent la violence contre les personnes transgenres. « Écrire sous mes peintures de rue les déclarations de personnes Queer est une tentative d’éveiller les consciences« , a-t-il encore confié.
Enfin, à Paris, la graffeuse Kashink a lancé en 2014, en réaction aux manifestations anti mariage gay, un projet visant à colorer le débat intitulé « 50 cakes of Gay ». Ça a d’abord été une fresque unique réalisée en trois jours. L’artiste y a improvisé deux personnages masculins et un gâteau de mariage. Face aux réactions enthousiastes du public parisien, Kashink a décidé de peindre ce gâteau dans tous les pays où elle s’est rendue, de la Grèce à la Lituanie, jusqu’à Los Angeles où elle a finalement réalisé une fresque monumentale sur laquelle figurent « les cinquante gâteaux d’un coup« . Kashink a confié à Yagg trouver dans le Street Art une « possibilité de s’adresser à tout le monde, de partager art et points de vue avec n’importe qui« .
D’autres Street Artistes ont graffé en faveur de la communauté LGBT, comme le grand Banksy, C215, Crystal Vielula, Decycle, Eddie Colla, Homo Riot, Rich Simmons, Smug One, Space Invader, Wall Kandi…
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