Par Michel Fily, le 28 août 2018
A la différence des pays européens ou le Street Art se pratique à la limite de la légalité, l’Amérique Latine a toujours été propice au développement de l’art de rue, autorisé et totalement intégré dans les moeurs du pays. Ces oeuvres et leurs artistes – qui allient les traditions artistiques nationales aux nouvelles vagues – de plus en plus nombreux et reconnus, commencent à susciter un engouement international.
Parmi ces Street Artistes sud-américains, plusieurs (ainsi que d’autres artistes américains et européens) ont choisi de rendre hommage dans leurs travaux aux grandes civilisations antiques Maya, Inca et Aztèque. Tour d’horizon.
L’artiste mexicain, originaire de Tlaxcala, Amauri Esmarq a titré sa page Facebook « Arte para mi gente » (l’art pour mon peuple), un intitulé très significatif de sa démarche artistique, qui se veut avant tout une démarche de transmission de sa culture ancestrale.
Pour exemple cette fresque peinte à Campeche – une région au sud du Mexique occupée par les Mayas dès le xe siècle – des jumeaux Ixbalanque (« Jeune Jaguar du soleil ») et Hunahpu (« Utilisant une sarbacane »), deux héros de la mythologie Maya, champions au jeu de balle et nés pour être de grands magiciens et combattre les seigneurs de la mort. Ils furent les seuls à sortir vivants de Xibalbá, le monde souterrain, après de nombreuses épreuves. Et c’est ainsi qu’ils devinrent le soleil et la lune, pour lutter éternellement avec l’obscurité et renaître chaque jour et chaque nuit, pour donner de la lumière aux hommes.
Esmarq a écrit un texte pour expliquer cette autre fresque peinte à la mémoire des Mayas en lutte contre les premiers « conquistadors » : « Homme blanc qui réclame cette terre comme si tout t’appartenait, tes motivations sont les plus viles, les plus vaines et les plus vides, je ne te laisserai pas prendre ma terre et celle de mes enfants sans me battre… Tu ne la mérites pas, elle n’est pas à toi et elle ne le sera jamais ».
Dernier exemple des nombreuses et magnifiques oeuvres d’Esmarq, ce mur fait référence à la découverte, en 1994 dans un temple de la cité Maya de Palenque, de la sépulture d’une princesse datant du 7ème siècle. La « Reine rouge » (ce nom lui a été donné, car son corps était entièrement recouvert de poussière rouge de cinabre, un minéral composé de sulfure de mercure) a été enterrée avec un diadème de Jade, un masque de malachite, une ceinture de Jade, des colliers, des bracelets, des bracelet chevilles, des perles, des aiguilles d’os, des couteaux en obsidienne et de nombreux bijoux en coquillages.
Le graffeur Chris Dyer, originaire du Pérou, vit et travaille aujourd’hui à Montréal. Il est mondialement connu pour ses oeuvres psychédéliques sur skateboards. Il a fait ses débuts dans le Street Art en 1993, en taguant de nombreux murs de la ville de Lima. Il a aussi peint au coeur de la jungle péruvienne. Ses fresques énergétiques et vibrantes, qu’il qualifie lui-même de « Positive Creations », rendent elles aussi hommage aux guerriers Mayas, à leurs animaux totems (comme le Jaguar) et à leurs temples. Il a notamment collaboré avec d’autres artistes sud-américains.
Sune Nesu est un artiste urbain mexicain qui peint essentiellement des totems animaliers clairement inspirés des stèles Mayas et Incas de sa terre natale. Ses murs naïfs et colorés reprennent eux aussi le thème du Jaguar (Ocelotl), animal fétiche sujet et objet du sacrifice Maya, mais aussi de nombreux animaux du calendrier astrologique Maya, comme le lézard (Cuetzpallin), le faucon (Cuauhtli), le serpent (Coati), le cerf (Mazatl), etc. Il sera très prochainement l’invité de Superposition et de Street Art City en France.
Le graffeur parisien autodidacte Da Cruz s’est inspiré, lui, de ses nombreux voyages en Amérique du Sud pour peindre les murs de son quartier natal de Ourcq, dans le 197Me arrondissement de Paris. La rencontre avec ces cultures ancestrales (les masques des cultures précolombiennes l’ont en particulier marqué) a forgé chez lui un style primitif caractéristique. La série télé animée « Les Mystérieuses cités d’Or » était son programme favori lorsqu’il était enfant.
Autre artiste mexicain très connu pour sa défense de la culture populaire de son pays, Farid Rueda, originaire de Xochimilco, Mexico, met lui aussi les animaux fétiches de cette culture dans ses fresques, en les stylisant d’une manière très inspirée par le graphisme Maya. Il peint aussi des guerriers Mayas casqués de têtes de fauves et d’oiseaux.
Ache-b (Alexander Bustamante) est originaire de Bogota et vit et travaille aujourd’hui à Buenos Aires. Conduit par le besoin de découvrir par lui-même le patrimoine culturel latino-américain, il décide en 2007 d’entreprendre un long voyage par voie terrestre, depuis la Colombie jusqu’à l’Argentine. Il poursuit cette quête en 2010 avec un voyage au Brésil, puis s’installe définitivement en Argentine en 2011. Ce sont surtout des personnages, des Indiens amazoniens, des sorciers, des chamanes, qu’il a peints sur les murs de ces villes.
Le Street Artiste mexicain Tonalli Jaguar a revendiqué son identité culturelle par le choix de son nom d’artiste. Le « Tonalli », dans la mythologie aztèque, est une des trois composantes de l’être humain. C’est un concept désignant l’énergie vitale d’un être vivant, qui est localisée dans la tête selon la médecine traditionnelle aztèque. Le jaguar (« Tezcatlipoca ») est le dieu soleil de leur mythologie. Voici quelques exemples du travail de Tonalli Jaguar qui a peint, entre autres sujets, « Coatlicue », déesse de la fertilité et de la terre dans la mythologie aztèque, ainsi que de nombreux totems et personnages issus de cette culture.
Adrián Takano Rojas est un artiste urbain basé à Puerto Vallarta, Mexico. Son art s’inspire lui aussi de la culture amérindienne traditionnelle. Ses murs sont visibles au Chili, en Argentine, en Colombie et au Mexique.
La civilisation et les hiéroglyphes aztèques et mayas sont au coeur de l’inspiration du graffeur Mario Edward Mancia Nunez aka Dsyple Artfiend (Born Free). Ce grand portraitiste qui allie brillamment le dessin et la calligraphie a réalisé plusieurs fresques de guerriers, de totems et de dieux aztèques.
Parmi les nombreux autres artistes qui traitent de ces thèmes, les Argentins Chris Herrera (aka Kiki), Niko Blueberry, Tapia et Guri, les Mexicains Rilke Guillen (Rilke Roca) et Saner, le Péruvien Dalexo, le Chilien Inti…
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