Par Michel Fily, le 21 septembre 2018
L’association lyonnaise Superposition vient tout juste d’investir 230 m2 sur la presqu’île Lyonnaise, dédiés à l’émulation, au partage et à l’émerveillement. Un lieu hybride qui se définit lui-même comme une « plateforme d’interactions pluriculturelle ».
Les Superposeurs ont été partenaires d’Urban Street Art Urbain pour la tournée européenne du Street Artiste mexicain SUNE NESU et lui ont permis de peindre sa première fresque sur les murs du restaurant brésilien le Sampa. À cette occasion, Urban Street Art Urbain a rencontré Orbiane Wolff, cofondatrice de Superposition, dont elle est la Présidente et la Responsable de Développement, et Stéphanie Meyer, Chargée des Partenariats et Responsable de la programmation artistique de SITIO.
Parlez-nous des origines de l’association ?
L’origine est toute simple : quatre amis, un soir de février 2016, autour d’une bouteille de vin. Une discussion sur les artistes urbains parmi nos connaissances qui avaient un réel problème de visibilité ; qui avaient du mal à trouver des galeries pour les exposer ; qui avaient du mal à trouver des surfaces légales pour graffer dehors et qui souffraient d’un manque de reconnaissance de leurs pratiques artistiques. Le constat, aussi, du manque attristant de couleurs urbaines dans la ville de Lyon, si on la compare aux autres métropoles dans le monde. Et ces quatre amis se sont demandé comment ils pouvaient essayer de changer les choses et ajouter leur pierre à l’édifice urbain lyonnais tout en y apportant quelque chose de totalement nouveau. On avait vu passer un appel à projets de la DRAC à l’époque. Ça a été le déclencheur de notre décision de créer, « au culot », une structure, pour répondre à cet appel à projets. C’est comme cela que l’association Superposition est née.
« Superposition, c’est un peu la maison-mère de nos actions. SITIO est le lieu au cœur de ces actions, comme son nom est au cœur du mot Superposition »
Quelles sont les valeurs de Superposition ?
Ses missions principales sont la démocratisation de l’art urbain pour tous et par tous, la mise en lumière des artistes émergents et la revalorisation de l’espace urbain, afin de fédérer la population locale et lui permettre de se réapproprier son environnement. On a voulu remettre des couleurs dans la rue, créer du lien avec les artistes et le public et faire de la médiation, parce ces artistes et leurs process n’étaient pas forcément compris par toute la population.
« On voulait « superposer » de la couleur dans les rues »
Quelles ont été vos premières actions ?
On a décidé de créer des évènements pour se faire rencontrer public et artistes, dans la rue. Le premier de ces happenings, #SUPERBIEN a été lancé en mai 2016. Nous avons invité une dizaine de Street Artistes (Kalouf, V2M, Jaké, Rézine, Y?not, Inert, Poppy At Work…) à venir graffer rue Longue, dans le premier arrondissement de Lyon, différentes surfaces, des portes de garages, des devantures de magasins, des murs, etc. C’est ainsi qu’on a pu créer un premier dialogue entre les Lyonnais et les Street Artistes.
« L’idée, c’est d’édifier une véritable passerelle interactive, entre publics, oeuvres et créateurs »
Comment est constituée l’équipe de Superposition ?
C’est une aventure qu’on a surtout débutée avec Marion Rubellin et Hélène Giay, cofondatrices. Ensuite, l’équipe a évolué. On s’est entouré de Stéphanie Meyer (Partenariats), de Loïs Markarian (Production) et de Maïlys Febvre (Communication), pour l’équipe principale. Nous n’avons pas tous de background dans le domaine artistique. Notre volonté était de nous réunir à la compétence. Par exemple, Stéphanie a fait une école d’arts appliqués, elle a travaillé en galerie d’art, mais aussi dans la communication et l’événementiel pendant plusieurs années. Elle a aussi eu son propre Webzine et connait très bien le milieu alternatif lyonnais… Pour ma part, j’avais une expérience dans le milieu associatif, j’ai été responsable de développement pour le magazine Trafalgar , j’ai aussi travaillé pour un magazine féministe… À Superposition, chacun apporte sa propre expertise, qui n’a pas forcément de rapport avec le milieu de l’art.
« On avait besoin de créer un projet qui ait plus de sens éthique et moral que ce qu’on faisait chacun de notre côté à la base»
Que s’est-il passé entre mai 2016 et aujourd’hui ?
Après #SUPERBIEN, on a organisé un second évènement similaire dans le 7e arrondissement, en juillet 2016, qui s’est appelé #SUPERALOHA, avec les Street Artistes Book, Don Mateo, Théo Haggai, Mr.Sphinx, Mačka, Chufy, Stel et Insane de la Ruche. À la suite de cela, on a eu l’opportunité d’avoir un lieu, dans le 7e arrondissement de Lyon, pour organiser un festival d’art urbain. On a organisé la première édition de l’Urban Art Jungle Festival en un mois. Et je dois dire qu’on ne s’attendait pas du tout à la réaction du public, qui est venu en masse. Et tout le monde nous a dit : « C’est génial, quand la prochaine édition aura-t-elle lieu ? ». Nous avons attendu un peu d’avoir un lieu pérenne, pour pouvoir exposer nos artistes et mettre leur travail en lumière. On a ouvert notre première galerie In Situ / Ex Situ, au 11 rue Longue, dont le concept était d’exposer un artiste chaque mois : ses œuvres à l’intérieur, parallèlement à du Live Painting sur plusieurs surfaces (portes d’entrée, vitrines, portes de garages) à l’extérieur. Cette galerie a accueilli une douzaine de Solo-Shows et trois expositions collectives. Nous avons continué d’organiser les UAJ (Urban Art Jungle Festivals), dont nous sommes en train de préparer la cinquième édition actuellement, prévue pour juin 2019. Puis, nous avons reçu nos premières demandes d’organisations de fresques…
« Ici, on ne ressent pas une ambiance traditionnelle de galerie. C’est un univers décalé »
Comment avez-vous diversifié vos activités ?
On a proposé aux artistes qui le souhaitaient d’organiser des ateliers d’initiation au graffiti et aux différentes techniques du Street Art. On a commencé à travailler aussi avec les collectivités, les MJC, les collèges et les lycées, pour s’intégrer complètement dans le paysage culturel lyonnais. Nous avons aussi une vraie démarche sur notre intégration dans le paysage urbain voisin, comme ici dans nos nouveaux locaux proches de la Confluence, pour aller à la rencontre des acteurs urbains qui nous entourent.
« L’Urban Art Jungle Festival, ce sont des Solo-Shows, des expositions collectives, des ateliers, des concerts, des performances live et des DJ sets, des conférences, des projections thématiques, des brunchs maison, des dégustations de produits locaux, des food trucks… »
Justement, parlez-nous de ce nouveau lieu…
On avait un lieu magnifique, mais trop petit pour des œuvres de grandes dimensions. Notre volonté de proposer au public des Workshops, de développer notre branche musicale, de pouvoir privatiser la galerie et de nous ouvrir à d’autres structures, nous ont poussés à chercher un nouvel espace. Notre nouvel espace, SITIO, est une vitrine de notre action, doublé d’une galerie à part entière. On a conservé le mode associatif, parce que Superposition a pour vocation un certain nombre de démarches qui ne sont pas forcément génératrices de revenus, et que nous souhaitons absolument poursuivre. Ce lieu hybride a un mode de fonctionnement très loin de l’univers traditionnel des galeries. Vis-à-vis du public, cela correspond à une vraie volonté d’ouverture et vis-à-vis des artistes, on propose un cadre loin du business, avec très peu de barrières. On leur dit surtout de se lâcher et on leur permet d’exprimer pleinement leur discours. C’est une manière de travailler qui développe aussi beaucoup la créativité.
« SITIO, ça veut dire le lieu, l’endroit. C’est notre petit musée d’Art urbain »
Avez-vous des financements ?
On avait eu un mécénat pour l’Urban Art Jungle Festival et pour l’ouverture de SITIO, on a fait appel à notre communauté, sous forme de Crowdfunding. Pour l’instant, nous sommes autofinancés et nous n’avons encore reçu aucune aide de la ville, qui cependant nous soutient déjà par un bon accueil. On espère que cela se concrétisera bientôt par des apports financiers. On a aussi de nombreuses associations qui nous soutiennent et des bénévoles qui nous aident pour les UAJ et tout au long de l’année.
« Il n’y a pas de succès individuels ici, il n’y a que des succès collectifs »
Quels sont vos actualités et futurs projets ?
D’abord une belle rentrée avec l’exposition de Kalouf. On a préparé avec toute l’équipe une programmation artistique jusqu’à juin 2019, avec de belles têtes d’affiche, comme Don Matéo, V2M, Mani, Azed… Ensuite, en juin, la cinquième édition de l’UAJ avec de nouveaux artistes émergents. Et aussi une exposition collective prévue pour la fin décembre 2019, avec là aussi un parti-pris sur de la « super-émergence ». Un prochain rendez-vous de la rentrée, le One Shot/Urban Art Session, dans le cadre duquel Superposition va occuper pendant un mois un magasin vide de 2 000 m du Centre Commercial Confluence et le détourner en une exposition d’oeuvres murales inédites. Autre projet, en partenariat avec l’ENS et le Musée des Confluences, Superposition va intervenir avec quatre Street Artistes qui vont peindre leurs interprétations des planètes et leurs œuvres seront exposées à l’ENS. À cette même période (13-14 octobre 2018), nous allons repeindre avec une douzaine de Street Artistes tout le sol de la rue Victor Hugo, entre la place Ampère et la rue Jarente, un projet en partenariat avec My Presqu’île. Enfin, dernière actualité importante, nous allons participer à l’exposition Les Nouveaux Sauvages, qui va regrouper tous les acteurs de l’art contemporain et urbanistes lyonnais, dans les Halles du Faubourg (7ème arrondissement de Lyon), avec une fresque murale de 30 mètres (5 octobre 2018)…
« Il y a un vivier d’artistes absolument gigantesque à Lyon. Cela représente un potentiel incroyable »
3, place Gensoul 69002 Lyon
Ouvert du lundi au samedi (hors évènements spécifiques) de 10h00 à 18h00
Tél. : 04 78 08 19 52
contact.superposition@gmail.com
https://superposition-lyon.com
https://www.facebook.com/pg/superposition.urban.art.value/
#streetarturbain #urbanstreetart #streetart #graffiti #expo #installation #graff #creative#artoftheday #artistoftheday #urbanart #artwork #globastreetart #art #fanart #paint #acrylic #sitioparsuperposition #urbanartjunglefestival #sitio #lyon #painting #spraypainting #stencilart #stencils #stenciling #art #streetartcity #artwork #artlover #painting #painting #drawing #drawingart#drawingstyle #grafittiporn #grafittiart #inthestreets
Photos : courtesy of SITIO par superposition – Photography : Miss Den’ki