« The sky is not the limit. It’s just the beginning » : ZESO, un artiste exemplaire

Par Michel Fily, le 18  octobre  2018

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Né en 1978 en banlieue de Lyon, ZESO s’est initié au lettrage et aux tags dès l’adolescence. Il a continué à graffer pendant ses études de cuisine et pendant qu’il travaillait pour de grandes maisons françaises, comme celle de Guy Savoy. En 2005, il a quitté la France pour New York, ville dont il rêvait depuis toujours et où il a vécu plus de dix ans. ZESO a peint dans toute la « Big Apple », mais aussi dans de nombreuses villes partout aux États-Unis. Son art a marqué la scène New-Yorkaise du Street Art, en même temps que celle-ci l’a imprégné de ses images et de ses codes, créant un art très abouti et impressionnant de complexité.

Urban Street Art Urbain a rencontré ZESO à l’occasion de son live-painting d’un container de camion, à Street Art City

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Qui es-tu, ZESO ?

Mon blaze n’a pas de signification particulière, c’est juste un assemblage de lettres que j’ai trouvé esthétique, quand j’ai démarré avec le graffiti. Je graffe depuis 30 ans environ. Je fais partie, depuis 2010, du collectif New-Yorkais « WF », mais aussi d’autres « Crews », un peu partout dans le monde… J’ai commencé par faire des tags, puis je suis passé aux personnages, un peu avant de partir à New York, en 2005. À partir de 2008, je me suis consacré exclusivement à la peinture, de manière très intensive. J’ai peint beaucoup à New York, Philadelphie, Houston, Baltimore, Austin Texas, San Antonio, Londres, Barcelone, Osaka…

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Ton premier solo-show s’intitulait [DEPORTED], pourquoi ?

Parce quand j’ai vécu à New York, j’étais un sans-papiers. J’avais un compte en banque, je payais mes taxes, mais mon premier visa n’a jamais été renouvelé. J’étais comme un Mexicain… Et lorsqu’en 2016, j’ai été invité à peindre une grande fresque dans la ville frontalière d’El Paso, au moment de réintégrer le territoire américain, j’ai été bloqué et expulsé. Je raconte cette histoire et mes souvenirs New-Yorkais dans l’exposition.

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Ta collaboration avec Street Art City, ce n’est pas seulement ce solo-show  ?

Non, j’ai peint de nombreux murs à Street Art City, des containers, des camions… J’y suis resté sept mois en résidence, la première année. J’ai réalisé la chambre 069 de l’Hôtel 128. Depuis, j’enchaine les murs et les toiles. Et je prépare un nouveau show pour 2019…

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Quels sont tes techniques et tes supports de création ?

Je travaille essentiellement le pinceau et la bombe, tout à main levée, sans projecteurs et sans quadrillages, pour l’instant. J’utilise parfois le collage… Je fais du « Free Style » et c’est presque plus facile sur toile que sur murs, parce que dans mon studio j’ai toutes mes couleurs à disposition et c’est moi qui fais mes propres mélanges. J’aime la couleur. Pour l’instant je peins à l’acrylique, mais j’ai envie d’attaquer la peinture à l’huile. J’aime les surfaces bien planes, parce que je fais beaucoup de petits détails. J’ai peint des murs, des trains, des containers à verre, des containers de camions et sur toute sorte de matériel urbain. Il y a peu de temps, je suis parti à Bristol avec mon pote SOIR2 et on a peint sur l’autoroute en vandale. Je ne le fais plus aussi souvent que quand j’étais jeune, seulement 10% de mon travail se fait en mode vandale aujourd’hui, mais j’aime bien. C’est agréable de retrouver, à quarante balais, cette adrénaline (rires)…

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Et quelles sont tes inspirations ?

Mon travail s’inspire beaucoup des États-Unis et de la ville de New York. Mais aussi du graffiti : d’artistes comme MODE 2, un londonien qui a beaucoup travaillé à Paris et qui est l’un des pionniers du graff européen ; KEN2, un allemand qui fait des BBOY de malades ; EVOK… Il y en a plein. Et aussi tous les petits jeunes qui débarquent en ce moment sur la scène Street Art. Ils sont nombreux et ils ont vraiment beaucoup de talent. La peinture traditionnelle elle aussi m’inspire : Klimt, Caillebotte… J’adore le Manga Akira et l’artiste japonais Manabu Ikeda. J’aime beaucoup l’architecture aussi…

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Parle-nous de ton rapport avec ton public ?

J’essaie d’être abordable, que ce soit dans des lieux d’exposition ou dans la rue. Parce que je pense que ce n’est pas nécessaire de faire la gueule, ni de se raconter qu’on est des « gros méchants », nous les graffeurs… Et je constate que les gens sont très ouverts. Plus aujourd’hui que par le passé. Le contact se fait plutôt bien. Dans mon art, il y a des objets qui se répètent, comme les avions en papier, les bateaux… Les gens sont curieux, ils me questionnent souvent sur ces motifs répétitifs, ils essaient de comprendre…OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Pourquoi ces motifs, alors ?

Depuis quelques années, je travaille à créer mon propre univers. Au départ, j’ai peint le premier avion en papier simplement parce que je trouvais ça joli. Puis, j’ai commencé à en mettre un peu partout. Un jour où je n’en avais pas dessiné, tous mes potes m’ont demandé : « Il est où, l’avion en papier ? » (rires). Et j’ai compris que ça constitue mon identité d’artiste, que même si les gens ne se souviennent pas de mon blaze, ils diront : « Ah, c’est le mec qui peint des avions de papier, le mec qui peint des bateaux, des phares, des tentacules… ! » Je ne conserve pas toujours tous ces éléments, parfois j’en crée de nouveaux, mais ça construit mon monde.

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Que penses-tu du Street Art aujourd’hui ?

C’est très simple. Il y a vingt-cinq ans, quand on a commencé, on était tout heureux quand une MJC nous filait trois bombes et un sandwich (rires). Aujourd’hui, les municipalités, qui nous jetaient des pierres avant, nous paient pour peindre de superbes façades dans leurs villes. Et en plus, les gens apprécient. Je ne vais vraiment pas me plaindre, si tu vois ce que je veux dire… Mais il ne faut pas oublier de se souvenir ni de dire merci à tous ceux qui se sont battus pendant des années pour nous ouvrir les portes. Pour moi, les problèmes ne se situent pas tant à l’extérieur, mais plutôt à l’intérieur même du mouvement, dans la manière dont nous, artistes, réagissons les uns par rapport aux autres. Le graffiti, le Street Art, c’est plein de nature humaine. Il y aura toujours des mecs jaloux, des mecs qui critiquent. Il y a une expression américaine que j’aime et c’est « Nobody pays my bills ». Il faut penser que ces gens-là ne sont pas ceux qui paient nos factures.

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Quels sont tes projets futurs ?

Je vais être honnête, je ne suis pas un grand fan de la communication ni des réseaux sociaux et je n’aime pas trop qu’on sache où je suis. Les photos que je publie sur Instagram ont six mois, en général. Je protège ma personne et ma vie privée. Donc, oui j’ai un second solo-show en préparation. Pour le reste, les gens peuvent voir mes œuvres à Street Art City et verront les autres quand elles seront peintes.

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Si tu pouvais exaucer un rêve et peindre n’importe où, que choisirais-tu ?

Je peindrais sur un satellite qui tourne autour de la Terre, mais qu’on pourrait prendre en photo, avec en fond d’image la planète. Si la NASA m’invite, je ne dirais pas non, pourquoi pas ? « The sky is not the limit, it’s just the beginning ». (rires)

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Une conclusion ?

Si je peux m’exprimer librement : aujourd’hui, à quarante ans, lorsque je peins, ce n’est que du plaisir. Malheureusement, beaucoup d’artistes se prennent la tête à faire des embrouilles avec les uns, avec les autres, en oubliant que c’était juste un « kiff » au départ… Et je trouve qu’on a perdu cette notion de plaisir, qui devrait être essentielle à notre art. Moi j’essaie de retrouver cette dynamique, j’essaie de ne pas faire la guerre aux autres, de ne pas me prendre la tête sur les gens. Si je n’ai rien de bien à dire sur un artiste, je me tais, et puis voilà. J’essaie d’être tranquille et de peindre pour moi. Parce que la motivation essentielle de mon art, c’est d’abord le plaisir.

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