Par Michel Fily, le 5 février 2019
Le Street Artiste João Maurício, alias Violant, est né et vit au Portugal. Il réalise principalement des fresques murales sur de grandes surfaces et ses sujets traitent de la mythologie, de la foi et des croyances, de la vie, de la mort, du monde animal et plus généralement de la nature, mais aussi de sujets d’actualité brulants. « Je ne connais qu’une seule fresque de Violant peinte à Lisbonne – dit de lui Richard Tassart sur son Blog « Entre les Lignes » – ; elle l’a été dans le cadre d’un festival… Les autres sont dans des friches, sur des murs d’hangars, dans des fermes, des murs lépreux, en déshérence dans des villages »… Violant est a contre courant du « Street Art Business ». Il travaille seul et il peint ce qu’il veut où il veut, sans chercher la gloire ni la fortune. Son art est puissant, universel, très évocateur, presque cinématographique en dépit de l’immobilité de ses fresques. C’est un conteur d’histoires fantastiques qui résonnent dans notre inconscient collectif, qui parlent autant à l’enfant qu’au vieillard, qui emportent le spectateur dans un univers rêvé, disproportionné, intime, sans jamais choquer ni provoquer. Rencontre avec un grand muraliste.
Bonjour Violant, peux-tu te présenter?
Je viens d’une petite ville du Portugal et j’ai eu l’immense privilège de découvrir ce que j’aime faire par-dessus tout et d’en faire mon métier.
Qu’est-ce qui a déclenché ta carrière artistique?
Une vibration immense, le premier jour où j’ai approché l’art du dessin et, plus tard, une inspiration dans tout ce qui se passait autour de moi dans la rue, qui m’a fait réfléchir et aboutir à la conclusion que quelque chose me poussait à créer mes propres peintures. Je me suis jeté dans ce vertige, explorant seul ma peinture dans des espaces abandonnés. Peu de temps après, des commandes ont commencé à arriver par des personnes qui avaient compris où je voulais aller et ce que je voulais faire. Rien n’était prémédité. Et aujourd’hui, de la même manière, je laisse simplement les choses m’arriver à leur propre rythme, mais toujours avec l’envie de créer mon propre contenu.
Quelles sont tes inspirations et tes influences?
Bien souvent, j’aime être autobiographique et relier ma propre histoire à la fiction ou à des récits anciens. Parfois, je choisis d’attirer l’attention sur un problème… Dans les deux cas, je tire mon inspiration essentiellement des émotions humaines, de la nature, de certaines histoires mythologiques ou bibliques et parfois aussi de certaines « branches pourries » de notre civilisation…
Quelles sont tes techniques et tes supports créatifs?
Mes premières expériences d’artiste ont été réalisées avec du spray et des pochoirs, avant que peu de temps après je découvre le travail à main libre. Je suis passé assez rapidement à la peinture murale plastique, la moins onéreuse et la plus largement disponible pour un artiste de rue. Mon travail a été révolutionné lorsque j’ai découvert les rallonges à pinceaux, qui ont augmenté l’amplitude de mes geste set la taille de mes pièces murales. Ces outils m’ont donné une certaine indépendance et m’ont permis de me déplacer dans tout le Portugal pour peindre de grandes fresques. Aujourd’hui, j’ai des carnets de croquis remplis de dessins, quelques toiles, une sculpture, mais la plupart de mes efforts sont voués à la peinture murale.
Parle-nous du Street Art dans ton pays…
Nous avons une pleine poignée d’artistes portugais très connus dans le monde entier, qui sont révolutionnaires et qui changent la donne. Et de ce point de vue, le Street Art portugais est très bien représenté. On trouve de nombreuses œuvres de Street Art à Lisbonne mais aussi dans des villes plus petites réparties dans tout le pays. Aujourd’hui, de nombreux projets sont en cours dans des régions rurales du pays.
Comment es-tu reconnu en tant qu’artiste là-bas?
Je ne connais pas tous les Street Artistes portugais et il est rare de croiser quelqu’un en train de peindre une fresque dans ma ville. Mais je peux dire que les rares fois où ça m’est arrivé, nous nous sommes bien amusés… Je peux dire que je me sens reconnu et respecté par ceux que j’aime le plus.
Parle-nous de ta relation avec le public…
Je sais que devrais être plus extraverti et plus confiant en moi-même pour me confronter aux spectateurs. C’est quelque chose que j’essaye de changer. Comme la plupart de mes travaux ont été réalisés dans des lieux abandonnés, où je pouvais faire ce que je voulais sans être observé, je crois que ça a créé une forme d’isolement… De toute façon, j’essaie de ne pas être influencé par les bons ou les mauvais commentaires quand je peins, parce que je sais qu’ils peuvent gâcher toute la conception de ce sur quoi je travaille. Je ne veux pas être le genre d’artiste qui donne au public ce qu’il veut. Je veux surprendre avec des oeuvres en dehors des attentes du commun… Je crois que si je pouvais trouver le moyen de peindre des murs publics dissimulés aux yeux des gens, c’est ce que je ferais (rires).
Quel message veux-tu faire passer avec ton art ?
A travers de mes œuvres, je voudrais inciter les gens à réfléchir et à remettre en question ce qu’ils voient, en les invitant peut-être à inventer l’histoire qui se cache derrière le mur. J’espère fertiliser l’imagination des gens avec l’ampleur de mes fresques. Le coup de poing dans l’estomac qui vient d’une grande œuvre d’art, c’est cela que je recherche.
Est-il plus facile ou plus difficile d’être un graffeur que d’être un peintre?
Je réfléchis et je parle souvent de cette question, mais je pense que le mieux serait d’unir les deux mondes. Peindre des murs peut être considéré comme coûteux et consomme beaucoup d’énergie, mais cela peut être une bonne publicité pour le travail d’un artiste en studio. Il obtiendra beaucoup plus de réactions en travaillant à l’extérieur que lorsqu’il oeuvre à huis clos. Quoi qu’il en soit, les artistes doivent être ouverts et saisir toutes les chances que la vie leur offre.
Que penses-tu de l’évolution du Street Art aujourd’hui?
Cela dépend de ce que tu appelle «Street Art». De nos jours, la plupart des grandes fresques sont soutenues et financées par des organisations privées ou des conseils municipaux. Du coup, les processus ne sont pas totalement libres. De ce oint de vue, il me semble que le Street Art devient « apprivoisé » au fur et à mesure qu’il se développe. Tous les thèmes ne sont pas autorisés, et encore moins certaines dormes de représentations… Bien que le Street art ne soit plus une nouveauté, il reste encore beaucoup à faire. Pour moi, il est certain que cet art va évoluer pour peut-être se disperser, puis évoluer à nouveau en fonction des résultats de cette dispersion, et aussi des nouvelles technologies.
Quelles sont tes autres activités artistiques du moment et tes futurs projets?
Ces jours-ci, je me consacre presque exclusivement à la peinture murale. J’aimerai essayer d’ouvrir un studio, sortir de ma zone de confort, élargir mon empreinte artistique… J’aimerais peindre à l’étranger, ailleurs qu’au Portugal. Et j’aimerais aussi faire des séquences de processus, des « making-of », pour les éditer et publier plus de contenu autour des projets que je réalise.
Que penses-tu de ton succès et où en es tu de tes rêves?
Je suis très reconnaissant à ceux qui me font l’honneur d’apprécier ce que je fais, cet art dont je suis tombé amoureux.. Cela a donné un sens à ma vie. Je suis encore très loin de tout ce dont je peux rêver. Mais je peux dire que mon art m’a déjà offert des surprises que je n’aurais jamais osé imaginer…
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