Par Michel Fily, le 3 avril 2019
Né à Annecy en 1996, Charly Collomb Aka Shab dessine depuis son enfance. En parallèle de son travail de muraliste, Shab travaille dans le design de produits à son compte. Il crée une vision d’un monde coloré, épanoui avec des faciès minimalistes tout aussi différents les un que les autres et des formes géométriques inspirées par les mouvements artistiques qui ont forgé l’artiste. Il puise ses influences dans le quotidien, l’environnement qui l’entoure, les gens qui croisent sa route. Ses personnages, entremêlés par dizaines, sont autant d’émotions, d’histoires et de caractères. Inspiré aussi par le langage non verbal, Shab a un message fort à transmettre.
Urban Street Art Urbain est allé à la rencontre de ce jeune artiste prolifique, qui présente actuellement l’exposition « Degrés 360 » à SITIO, la galerie d’art urbain de SUPERPOSITION.
Shab, bonjour, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Shab, je suis lyonnais, j’ai 22 ans, ça fait cinq six ans que je dessine vraiment. Mon blaze vient des surnoms qu’on me donnait quand j’étais plus jeune, « Charly Boy » et « Charly Baby », que j’ai contractés en un seul nom. Et aussi à cause du sens du mot « shab » en langage Street, qui veut dire « regarde ».
Parle-nous de ton parcours artistique
J’ai d’abord fait un Bac pro en menuiserie parce que je voulais dessiner des meubles, puis j’ai fait une mise à niveau en arts appliqués et j’ai poursuivi avec un BTS en design de produits. Aujourd’hui je travaille dans deux domaines : je fais du design mobilier et parallèlement des projets plus artistiques, comme cette exposition ou quand je graffe dans la rue. J’ai découvert le Street Art par l’intermédiaire du Parkour : un art de rue qui consiste à franchir successivement divers obstacles urbains par des mouvements les plus rapides possibles et sans l’aide de matériel. Comme pour le hip-hop, les liens entre les traceurs (ceux qui pratiquent le Parkour) et les graffeurs sont historiques. Grâce à cette discipline urbaine, j’ai découvert des lieux inaccessibles au public lambda et j’y ai vu les travaux de nombreux graffeurs. L’idée de s’approprier ainsi l’espace urbain m’a fasciné et c’est comme ça que j’ai débuté. J’ai toujours fait plein de choses différentes dans mon parcours artistique mais là ça fait 1 ou 2 ans que les choses s’accélèrent vraiment pour moi.
Quelles sont tes techniques et tes médiums de prédilections ?
J’essaie de varier un peu les plaisirs. J’ai commencé par le crayon et les stylos comme beaucoup, puis je suis passé au Posca, à la bombe et enfin à l’acrylique. Je travaille aussi beaucoup sur ordinateur, j’ai un gros projet de 47 mètres de murs, entièrement préparé sur Illustrator, que je prépare pour Lausanne, en Suisse, en collaboration avec une autre artiste qui s’appelle Donatelle Liens. Pour les médiums, c’est pareil, j’essaie de les diversifier sans limites, de trouver toujours de nouvelles surfaces sur lesquelles travailler et des supports différents, comme pour la présente exposition : du carton, des vases, de la toile, de l’impression 3D, du mur…
Est-ce que tu te conçois comme un Street Artiste aujourd’hui ?
Je ne sais pas… Je n’aime pas trop l’idée de mettre une étiquette sur ce que je suis ou ce que je fais… J’utilise différents matériaux, différentes techniques et j’aime cette diversité dans la création. Après, s’il fallait absolument mettre un nom sur ce que je fais, alors, oui, je pense que je suis un Street Artiste, mais pas exclusivement. J’aimerais bien, dans le futur, pouvoir être à la fois designer et Street Artiste, parce que j’aime beaucoup trop le fait de laisser ma trace sur la ville et l’immensité des espaces urbains pour abandonner le Street Art. C’est quelque chose que je ne pourrai pas retrouver dans un autre domaine artistique et les murs me manqueraient trop.
Pourrais-tu, en quelques mots, définir ton art ?
Le cœur de mon travail, c’est le corps et les mouvements du corps, c’est la couleur, la positivité et l’optimisme. C’est très important pour moi de pouvoir véhiculer un message de joie et de partage, de créer la cohésion et d’abolir les différences au travers de mes œuvre. Mes personnages sont sans cesse en mouvement, comme dans le Parkour et la Breakdance. Et au-delà de cette dynamique constante, il y a le langage des signes. Il me vient de ma mère, qui travaille avec des enfants sourds depuis que je suis tout petit. Elle m’a enseigné et continue de m’enseigner ce langage incroyable. J’ai toujours eu un peu de mal à trouver mes mots. Ce langage m’a aidée à apprendre à m’exprimer et j’ai aussi appris grâce à lui qu’on peut savoir beaucoup de choses sur quelqu’un et lui transmettre aussi beaucoup de choses, sans avoir besoin des mots.
As-tu déjà exposé ton travail devant un public malentendant ?
Jamais encore, mais c’est vraiment un objectif pour moi, avec l’idée de faire passer des messages de manière plus intelligente, avec une plus grande réflexion derrière chaque idée que par le simple langage verbal. Pour que la personne qui observe soit à la fois interpellée par l’aspect esthétique mais aussi par l’aspect intellectuel. La préparation de cette exposition a été l’occasion pour moi de montrer cet univers, que j’ai envie de travailler de plus en plus…
Quel sont les messages que tu essaie de véhiculer, justement ?
La notion de plaisir et de joie, de beauté. Le « no limit ». J’essaie de démolir les barrières, d’abolir les différences entre les races, entre les styles et les âges, entre les classes. C’est ma façon d’essayer d’être universel.
Quelles sont tes influences ?
Keith Haring, forcément, que j’admire beaucoup et avec qui je ressens une vraie filiation. J’aime aussi beaucoup le travail de Cleone Peterson, un Street Artiste américain qui travaille les corps de façon remarquable. Il y a aussi Os Gemeos, dont j’aime la couleur et l’énergie qu’ils mettent dans leurs œuvres. Le graffeur Marseillais Maye, qui travaille lui aussi beaucoup le mouvement et les personnages, m’inspire…
Est-ce que c’est facile d’être un Street Artiste aujourd’hui, pour toi ?
Ça dépend vraiment des endroits. A Lyon, par exemple, je pense que c’est beaucoup plus toléré aujourd’hui, que par le passé, et même mis en valeur dans certains lieux. En province, dans les petits villages, c’est plus compliqué et il faudrait que des choses se passent pour faire évoluer les mentalités. Mais je pense que, globalement, on est en bonne voie et que le Street Art se popularise de plus en plus.
Pourquoi as-tu intitulé ton exposition « Degré 360 » ?
Ce titre représente à la fois l’idée d’explorer un éventail de nouveaux matériaux et le fait de prendre un tournant en ayant un nouveau regard sur le monde, à travers le langage des signes en particulier.
Si tu devais exhausser un rêve fou, que serait-il ?
Quelque chose comme le projet d’El Seed, une anamorphose monumentale qu’il a réalisée dans un petit village égyptien, sur une cinquantaine de maisons. Je crois que c’est l’anamorphose la plus grande jamais faite à ce jour. J’aimerais bien réaliser un projet comme ça un jour. Sinon, mon rêve d’artiste serait faire un gros tour du monde et de pouvoir peindre partout et rencontrer plein d’autres artistes.
« Degrés 360 »
Une exposition de SHAB avec ES24 et PANT
SITIO, galerie d’art urbain
3, place Gensoul 69002 LYON
https://www.facebook.com/shab.cc/
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