« Quand quelqu’un regarde une de mes oeuvres, il faut qu’il l’observe bien » : SATER, entre rêves et combats

Par Michel Fily, 8 avril, 2019

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SATER, est un artiste espagnol, qui a commence son parcours par des études de graphisme numérique et de design 3D. Il pratique l’art urbain depuis l’adolescence, en même temps que le dessin et la peinture . 

Lors de la fête du millésime 2018 de Street Art City, Urban Street Art Urbain a rencontré ce graffeur barcelonais, dont le style artistique oscille entre l’univers très graphique des mangas, le cinéma, le tag et le Pop-Art, à la fois léger et engagé.

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Bonjour, peux-tu te présenter aux lecteurs?

Je m’appelle SATER, j’ai 32 ans et je viens de Barcelone. J’ai toujours aimé dessiner et j’ai réellement commencé à graffer en 2002, à l’âge de 15 ans. Je n’avais jamais imaginé vivre de mon art, jusqu’à il y a trois ans, lorsque j’ai décidé de quitter mon emploi pour ne me consacrer qu’à la peinture. Aujourd’hui, je peux dire que oui,  on peut vivre de son art.

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Qu’est-ce qui a déclenché ta carrière artistique?

Mon père est peintre, j’ai grandi dans un univers artistique et depuis que je suis enfant, j’ai toujours aimé dessiner. Quand je sortais dans la rue, je regardais tous les murs peints. Je crois que tous les enfants sont des peintres en herbe. Ils peignent et dessinent sans être conditionnés par des modes ou des influences. Ils délivrent à travers leurs dessins la véritable essence de l’art. Donc, je pense que la question appropriée pour quiconque n’est pas un artiste serait : « Qu’est-ce qui t’a amené à arrêter de peindre ? ».

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Quelles sont tes inspirations et influences?

J’adore regarder les œuvres d’autres artistes. Je les vois dans la rue, sur les murs, sur les réseaux sociaux… Mais je ne saurais pas nommer un artiste en particulier. Je pourrais dire que mes influences sont le graffiti et l’illustration, et pour ce qui est de mes inspirations, ce sont les voyages qui nourrissent mon imagination, m’apportant sans cesse de nouvelles idées.

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Quelles sont tes techniques et supports créatifs?

Depuis que j’ai commencé le graffiti, je n’utilise que des aérosols sur murs. En dehors des murs, je peins à l’huile, à l’aquarelle, au fusain… J’ai aussi créé des sculptures en argile. Aujourd’hui, j’essaie d’élargir mon horizon et d’explorer de nouvelles techniques, en tirant parti des connaissances que j’ai acquises dans mon parcours.

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Parle-nous de ta rencontre avec Street Art City.

Street Art city a représenté une expérience inoubliable. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’endroits comme celui-là, mais il devrait y en avoir plus, partout en France et dans le monde. C’est une grande opportunité pour les artistes. Leur système de résidence artistique est fantastique, le lieu et les installations sont formidables et les gens surtout sont formidables. Un jour, j’ai vu une brochure publicitaire pour Street art City et j’ai décidé d’envoyer un courrier électronique. Ils m’ont répondu et en l’espace de quatre ou cinq mois, j’étais en immersion.

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Comment s’est passée ton expérience dans la chambre de l’hôtel 128?

Ma chambre, qui porte le numéro 058, a représenté un grand défi pour moi. Le premier jour, je n’ai rien fait de plus que regarder les murs. Ils me tombaient dessus. Cela m’a coûté en introspection et j’ai eu du mal à laisser l’inspiration couler hors de moi. Mais à partir du moment ou j’ai commencé, je ne m’arrêtais plus de peindre. J’étais impatient de voir le résultat, car chaque jour qui passait, j’aimais de plus en plus ce que je créais. Je me réveillais le matin, je prenais mon petit déjeuner et j’allais directement dans la chambre, certains jours jusqu’à l’heure du dîner. Je n’ai jamais fait de retraite spirituelle, mais j’imagine que c’est quelque chose de tout à fait similaire. Plusieurs jours enfermés dans une pièce, seul, à créer. La chambre, mon art et moi. C’était parfait.

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Parle-nous de ta relation avec le public.

A l’époque où je peignais dans la rue, presque personne ne venait me parler. Durant les deux jours de la fête du Millésime, beaucoup de gens ont voulu me rencontrer et parler avec moi. Je suis très reconnaissant à ce public pour la façon dont il m’a abordé. Il y avait beaucoup de respect mutuel et je me souviens que j’ai vraiment aimé voir l’intérêt que les gens portaient à notre art, et à nous en tant que personnes aussi.

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Qu’aimerais-tu transmettre au public qui rencontre tes œuvres?

C’est vrai qu’avec l’art, on est censé transmettre un message aux gens… Mais, je pense que, chaque oeuvre étant différente et ayant été faite à des moments différents, chacune dégage des énergies différentes. Ce qui est certain, c’est que j’essaie toujours de créer un sentiment chez le spectateur. J’aime que quand quelqu’un regarde l’une de mes oeuvres, il l’observe bien et qu’elle lui pose question.

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Est-il plus facile ou plus difficile d’être un Street Artiste que d’être un peintre, selon toi?

C’est un sujet délicat. Et ce n’est pas une question de difficulté. Le Street Art a perdu de son sens originel et nous devons nous rappeler de temps en temps de quoi il est question. L’essence du graffiti, c’est qu’il se pratique dans l’illégalité ou à sa limite. Mais que se passe-t-il une fois qu’une œuvre de Street Art entre dans un musée, que son prix est imposé ? Ça cesse d’être du graffiti pour devenir de l’art au sens marchand du terme. Peut importe que l’œuvre  soit faite à la bombe ou toute autre technique. Quand je peins à la bombe pour un client, je ne dirais jamais que je fais du Street Art. Mais je constate que ces dernières années, le Street Art est devenu à la mode. Et finalement, c’est quelque chose de positif pour nous. Je trouve ça génial qu’après tant d’années de rejet et de méfiance, les gens s’ouvrent un peu et voient la beauté de ce grand art.

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Quelles sont tes activités artistiques du moment et tes projets futurs?

Je suis en train d’affiner mon travail à la peinture acrylique et au spray sur toile. Je voudrais préparer une belle série d’oeuvres pour 2020. Je combine cette avec de la bombe sur des grandes surfaces. J’ai également commencé à faire du lettrage et des affiches… Si j’avais plus de temps, je ferais aussi de la sculpture, c’est quelque chose que j’ai toujours beaucoup aimé. Pour mes projets futurs, je souhaite déjà préparer cette belle collection de toiles, et je m’y tiens…

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Que penses-tu de ton succès et où en es-tu de tes rêves?

En commençant à vivre de mon art, j’ai déjà réalisé mon rêve. Mais les ambitions me reviennent et aujourd’hui, je veux plus, je veux laisser une trace. Je rêverais de créer un art unique, qui deviendrait une base d’inspiration pour les générations futures. Je voudrais peindre de grandes peintures murales et colorier le monde…

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”RANDOM HARD WORKS”

Designs, murals & lettering, Barcelona, (Spain)

https://www.facebook.com/randomhardworks/

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